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L'OPPIDUM DE BÈGUES

Bègues - Allier

Traditions, légendes, histoire


 

Découvrez l'Auvergne mystérieuse à travers des récits et des légendes que l'on raconte encore dans les chaumières...

L'Église romane Saint-Saturnin de Mazérier dépendait autrefois du diocèse de Clermont et de l'Abbaye d'Issoire. Des fresques représentant les mages décorent le deuxième pilier nord de la nef. Sur les murs de l'église, des graffiti des XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles, indiquent des noms de paroissiens et la date de leur décès.

Non loin de là, dans la région de Bègues, on a trouvé des objets préhistoriques, et l'on voit encore à hauteur du village un très antique chemin "ferré", la voie gallo-romaine de Clermont à Bourges, Bègues étant à la frontière des Bituriges et des Arvernes. Sur le plateau des "Charmes" qui domine le village, des amas de pierrailles dépassent parfois les 2 mètres de haut. On y a recueilli des poteries et différents objets gallo-romains. Les deux tours à l'ouest de Bègues, sont des restes des fortifications qui ceignaient le village au Moyen-âge.

En contrebas du plateau des Charmes, au Rouzat, le viaduc aux lignes hardies qui enjambe la Sioule est le premier à être signé Eiffel. Il est protégé au titre des Monuments Historiques. Au sud-est de Gannat, il faut encore aller voir la petite église romane de Biozat. Les chapiteaux historiés reprennent les thèmes bien connus des églises auvergnates, en particulier le "Bon Pasteur" deux fois figuré ici et le "singe cordé". Non loin de là, une ferme abrite des vestiges de l'ancienne chapelle du "couvent de Pontratier"...

 

PRÉSENTATION

Le site des Charmes (commune de Bègues, arrondissement de Gannat, Allier) est un éperon barré implanté à l’extrémité d’un promontoire rocheux constitué par un affleurement cristallophyllien de gneiss à mica du socle antécambrien. Ce promontoire, qui culmine à 426 mètres, présente un sommet tabulaire formant une plate-forme rectangulaire légèrement inclinée vers le nord, d’une superficie d’environ 6 ha. Il est ceint sur ses côtés nord-est et nord-ouest par un méandre de la Sioule qu’il surplombe par des pentes raides d’environ 130 mètres, sur son côté sud-ouest par la vallée encaissée d’un petit affluent. Un large ensellement relie son côté sud-est au plateau calcaire oligocène en bordure duquel est établi le village actuel (456 mètres), qui se superpose à un oppidum(2) laténien(1) et à une agglomération secondaire gallo-romain.

Bègues, siège d’un oppidum gaulois et d’une agglomération romaine est un promontoire qui présente un système de fortifications important en terme de surfaces, soit plus d’une quarantaine d’hectares. Il est établi dans une zone de frontière et traversé par une grande voie de communication reliant Clermont à Bourges et plus largement faisant le lien entre la côte méditerranéenne et tout l’ouest de la France. Un grand axe de circulation sud/nord parallèle à la voix du Rhône qui passait par là. Des photos aériennes de Bègues montrent des anomalies dans les cultures qui témoignent de l’existence de nombreux vestiges enfouis.

ARCHÉOLOGIE

La terre n’ayant pas été exploitée à des fins agricoles à l’endroit précis du sondage, les vestiges sont parfaitement préservés et d’un intérêt scientifique indéniable. Les résultats des fouilles se sont révélés à la hauteur des attentes avec 2 périodes rencontrées :
- Gauloise et Romaine, sur 6 à 7 mètres de longueur on retrouve 80 cm de couches archéologiques empilées et conservés,
- Et celles-ci ont enregistré tout ce qui a pu se passer dans ce secteur de la ville antique entre le Ier siècle avant J.-C. et le Ier siècle après J.-C.

Pour la période gauloise, qui correspond à l’oppidum fortifié, le niveau d’occupation conservé sur une dizaine de centimètres de puissance a révélé beaucoup de restes d’artisanat, de fragments de poteries et de restes d’ossements d’ animaux consommés. Parmi les restes d’artisanat, les archéologues ont retrouvé un anneau en bronze et des petites fusaïoles(4) qui témoignent d’une activité de filage sur le site. Mais également des trous de poteau creusés dans le calcaire qui signalent la présence de bâtiments disparus dont les supports de bois avaient pourri avec le temps mais où les empreintes étaient encore conservées dans le sous-sol.

Pour la partie romaine, une première grande maçonnerie d’un rare gabarit a été découverte, un petit morceau de radier(3), les prémices d’une voie importante dans l’angle de la fouille et un caniveau. Le radier est délimité par un caniveau constitué de tuiles romaines. Les tuiles sont disposées à plat pour aménager un petit canal afin d’évacuer les eaux de ruissellement en provenance de la voie. Sorti de la voie, on retrouve un puissant mur où plusieurs maçonneries se superposent, ce qui peut faire penser à l’architecture habituelle à cette période d’un bâtiment public ou d’un mur de soutènement. Ensuite de la partie voirie, on distingue un trottoir en petit cailloutis et un dès en calcaire qui devait supporter un poteau en bois appartenant à une hypothétique galerie. On est donc sur le schéma-type d’une voirie bien fondée bordé d’un caniveau, un trottoir et une galerie, et on peut imaginer que les parties habitées se situaient sur l’arrière d’un mur de façade limitant la galerie à l’ouest. Les modes de construction et cette disposition architecturale montrent que Bègues était une ville structurée "à la romaine" dans ce secteur. Il y a de fortes chances pour que sous les niveaux romains on retrouve les niveaux gaulois préservés.

LEXIQUE

*1 - laténien :
qui concerne la période préhistorique européenne se situant vers -450. Au nord-ouest de la Roumanie, dans une nécropole laténienne, a été découvert en 1960 un casque surmonté d’un oiseau en tôle de bronze à ailes mobiles.
*2 - oppidum :
ville fortifiée. Centre préurbain qui se caractérise par une surélévation, telle qu’un plateau ou une colline, avec des défenses naturelles qui ont été renforcées, retravaillées par les hommes.
*3 - radier :
base ou plateforme stable sur laquelle reposent d’autres éléments.
*4 - fusaïole :
anneau de poids variable utilisé en filage comme accessoire du fuseau lors du filage.

 

 

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